Que sont les snowbirds devenus?

Affiché le 31 mars 2020 par Medipac

La situation des snowbirds rappelle la chanson de Léo Ferré, Pauvre Rutebeuf. Les snowbirds sont résilients. Qui ne le serait pas, à devoir au fil des ans compter avec les hauts et les bas d’une vie des deux côtés de la frontière. Mais cette année semble différente!

Les snowbirds ne peuvent plus se contenter par exemple de se priver de quelques ballades et sorties chic au resto pour maintenir leur rythme de vie. Le dollar canadien s’est effondré à un plancher jamais vu en 10 ans. Pour la plupart des snowbirds, depuis janvier 2002, la remontée graduelle du huard d’un creux de 0,63 $ avait égalé ou même surpassé le taux d’inflation aux États-Unis. Il devenait chaque année plus facile d’être snowbird. Même si la saison 2008-2009 fut affectée par un bref recul du dollar à 0,80 $, généralement, les snowbirds s’étaient habitués à un dollar à 0,95 $. Certains futés, à l’affût des taux, pouvaient obtenir le dollar au pair, et parfois même davantage.

Le second recul à 0,80 $ s’est entamé au début de la saison de voyage 2014-2015, prenant bien des snowbirds par surprise. Nous croyons que c’est un résultat direct de la chute des prix du pétrole, qui semblent suivre une courbe similaire à celle du dollar canadien. Alors qu’ils se trouvaient à l’étranger, les snowbirds ont vu leur budget rudement mis à l’épreuve! Mentionnons que la saison 2014-2015 a peut-être été la pire jamais vue en termes de réclamations. Bien des assureurs ont perdu des millions. Le stress causé par la situation financière difficile et la chute du dollar aurait-il quelque chose à voir avec cette hausse fulgurante du nombre de réclamations? Probablement. Les snowbirds vivent avec un revenu fixe. Leur rythme de vie est donc fortement chambardé. Les revenus d’intérêt et de dividendes des placements à revenu fixe ont atteint des creux historiques. Un CPG à 1 % d’intérêt n’aidera aucun aîné, encore moins les snowbirds, qui en plus, sont pris dans la tourmente du dollar canadien.

Ai-je mentionné le coût de l’assurance voyage? En 2014-2015, tous les taux ont légèrement augmenté. La plupart des snowbirds pouvaient s’accommoder de ces augmentations, sauf s’ils passaient dans un groupe d’âge supérieur (c’est le cas chaque année pour 20 % d’entre eux). Mais comme les snowbirds, les assureurs ont eux aussi été affectés. Leurs primes étaient établies en fonction d’un dollar à environ 0,90 $, mais lorsque les réclamations sont arrivées, ils devaient les régler au taux de 0,80 $. Un assureur avec un chiffre d’affaires voyage de 100 millions de dollars perd alors de 10 à 15 millions, sinon davantage. La hausse des tarifs de cette année a donc été drastique, et pour cause, les assureurs voulant compenser la faiblesse du dollar. Dans certains cas, plusieurs hausses de tarifs ont été imposées en quelques mois seulement. Pauvres snowbirds : les coûts d’assurance qui montent en flèche, les dépenses de location et autres en hausse de près de 30 %, et un revenu fixe en dollars canadiens pour essayer de contrebalancer la nouvelle « norme ».

Les statistiques ne mentent pas. La croissance régulière de 8 à 12 % du nombre de polices délivrées par Medipac est stoppée. Je parle bien sûr ici du nombre de polices, les recettes d’assurance ayant encore augmenté vu les hausses de primes nécessaires pour compenser la vigueur du dollar américain. Les statistiques du Conference Board démontrent qu’entre janvier et août 2015, le nombre de voyages avec nuitées aux États-Unis a baissé d’un million; les snowbirds sont responsables d’une bonne partie de cette baisse. Durant la même période, les voyages avec nuitées en auto aux É.-U. ont diminué de 8,5 %. Aïe!

Medipac est passé d’une hausse annuelle moyenne de 10 % du nombre de polices pour snowbirds à une baisse de 4 % cette année, pour la saison qui s’amorce. C’est une différence de 14 %! Notre personnel reçoit beaucoup d’appels de clients qui veulent réduire la durée de leur voyage annuel, et bon nombre veulent aussi augmenter leur franchise par rapport à l’an passé, l’idée étant bien sûr d’économiser. Pour chaque snowbird qui a augmenté la durée de son voyage, il y en a trois qui sont forcés de faire le contraire.

Le Texas a connu la plus forte réduction de visites et de durée des séjours, suivi par la Floride. Sans surprise, l’Arizona connaît une hausse, et la Californie fait encore mieux. Il s’agit en général des marchés plus haut de gamme; ils ne semblent pas affectés par la chute du dollar, l’augmentation des coûts d’assurance ni nos taux d’intérêt insignifiants.

Cela dit, comme je l’ai constaté au fil des ans, les snowbirds sont résilients. Ils s’adapteront à la nouvelle « norme » et ils garderont leur style de vie encore longtemps. Il y a bien quelques exceptions, toutefois : les snowbirds qui ont acheté une propriété dans le creux de vague du marché immobilier des É.-U. et qui sont maintenant assis sur un gain de 30 à 50 %, avant la conversion du dollar. Après conversion, ils ont presque doublé leur mise et certains décident de vendre. J’imagine qu’ils resteront snowbirds, mais à titre de locataires, et qu’ils utiliseront leur nouveau magot pour s’offrir un style de vie encore meilleur. Gâtez-vous!